Nous sommes le 7 juin 1885. Preuilly-sur-Claise est en effervescence. La veille, on a suivi la retraite au flambeau et apprécié la fête foraine disséminée tout le long de la rue Léon Berthier. Le lendemain, les édiles attendent le train inaugural de la ligne Port-de-Piles-Le Blanc parti de Tours à midi. Auparavant, les personnalités ainsi acheminées auront inauguré les gares de Port-de-Piles, La Haye-Descartes, Abilly, Le Grand-Pressigny et Chaumussay où l’instituteur a formé ses élèves en bataillon, manches à balai à l’épaule ! Une fête les attend à chaque fois. Pourtant, celle-ci est expédiée au pas de course. Tous ces notables sont attendus vers 17h à Preuilly. Au total, 250 personnes invitées aux frais de la municipalité parmi lesquelles le ministre des Transports, son secrétaire d’Etat, des préfets, députés, maires, généraux… Voilà le train ! On tire le canon en leur honneur. Tous finiront par s’engouffrer dans le grand hall à marchandise de cette gare de 3ème classe transformée pour l’occasion en salle de banquet. Les discours pleuvent…
1949, le service voyageur est définitivement fermé. La fameuse loco Forquenot-Delafortelle n’achemine plus depuis belle lurette ses 120 voyageurs en 1 h15 sur les 67 km de ce parcours vallonné entre la Vienne et l’Indre. La guerre est passée par là, et la concurrence sans pitié de la Société des Transports Automobiles de l’Ouest (STAO). Ses cars proposent un confort et une régularité que le train ne pouvait plus assurer. Le fret cessera d’exister dans les années 70.
Tout avait débuté en 1877 après la promulgation du décret d’intérêt public sur un tronçon d’un seul tenant entre Port-de-Piles et Preuilly-sur-Claise, promettant ainsi le désenclavement économique du Sud Touraine. Le Blanc une fois atteint, on aurait la promesse de relier les lignes de Bordeaux et Limoges. Un train ferait désormais l’aller-retour depuis Paris… Aujourd’hui, la gare de Chaumussay restée intacte, est le vestige ultime de cette époque pleine de promesses.