Automne 2021
 – N° 1
 – Loches, France
Partenariat gagnant pour la nature
Classées Espace Naturel Sensible (ENS) depuis 2003, les Prairies du Roy entre Loches, Beaulieu-lès-Loches et Perrusson sont gérées par la Communauté de Communes qui en assure la préservation. Au fil du temps, cet espace est devenu un laboratoire de bonnes pratiques environnementales dans lequel des agriculteurs jouent un rôle prépondérant.

En 2010, l’ex Communauté de Communes Loches Développement avait signé les premiers contrats avec des agriculteurs pour entretenir quelques hectares de prairies en contrepartie de leur mise à disposition gratuite. Aujourd’hui, 8 agriculteurs font pâturer leurs animaux et/ou fauchent les foins sur 90 ha. « Nous imposons un nombre limité de vaches pour préserver l’ensemble de l’écosystème. Elles doivent se nourrir sur place sans apport de matières, les produits phytosanitaires sont interdits, c’est une démarche vertueuse en ce qui concerne la biodiversité » détaille Floriane Sommier, technicienne ENS à Loches Sud Touraine. Il faut dire que ce site de 250 hectares présente un intérêt écologique majeur par la présence d’espèces végétales protégées et d’une faune typique de ces milieux humides.

« Cette opportunité de pâturage m’a encouragé à faire de l’élevage et à me convertir en bio parce qu’aux Prairies, la végétation est naturelle, il n’y a pas d’apport de matières possible. »
Cédric Joubert, éleveur de vaches allaitantes de race Angus à Genillé.

Fauchage tardif


Deux de ces agriculteurs pratiquent l’agriculture biologique et deux bénéficient de Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) qui les engagent notamment à pratiquer une fauche tardive. « En fauchant plus tardivement dans l’année, les agriculteurs laissent la floraison se prolonger, c’est une très bonne chose pour les insectes qui habitent ces prairies intégrées à la zone Natura 2000 Vallée de l’Indre » explique Floriane Sommier.

Jusque dans les années 50, les Prairies du Roy avaient une vocation exclusivement agricole, à travers le pâturage et
le fauchage. Suite à la mécanisation de l’agriculture et à la déprise agricole, la plantation de peupliers fut un recours pour utiliser ces surfaces délaissées. Petit à petit, le milieu s’est refermé, se recouvrant de bois et de friches. « Les peupliers ont été abattus durant les 10 dernières années pour reconvertir les parcelles en prairies, et permettre notamment une meilleure expansion et absorption des crues » raconte la jeune technicienne. « Lorsque la Communauté de Communes a transformé la peupleraie en prairies, il a fallu dessoucher et planter de l’herbe à la main ! Ça avait très bien fonctionné ! se souvient Christophe Denonain, éleveur et agriculteur à Ferrière-sur-Beaulieu. Aujourd’hui, ça me permet de stocker environ 50 bottes de foin pour mes vaches à la période du vêlage »

Aujourd’hui, l’énorme expérience acquise par l’intercommunalité dans le cadre de la préservation de cette zone humide fait l’objet d’une étude commandée par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Depuis 2010, cet établissement public attribue des financements à la Communauté de Communes pour favoriser la préservation des Prairies du Roy. L’étude cible des initiatives de type « Solutions fondées sur la Nature », un concept qui a émergé en 2009 sous l’impulsion de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

« La plupart des actions qui ont été menées ici aux Prairies du Roy sont des Solutions fondées sur la Nature car elles visent à protéger durablement un écosystème naturel en produisant des bénéfices pour la biodiversité mais aussi pour la société, tout en restant économiquement viables » selon Cloé Rivière, chargée de l’étude à ACTeon Environnement. « L’abattage de la peupleraie a été apprécié par la population car il favorise un paysage esthétique en dégageant la vue entre Loches et Beaulieu. Ce milieu plus ouvert favorise la biodiversité ; les prairies et les haies plantées permettent le stockage de carbone, la filtration et l’épuration de l’eau naturellement. Le site est aussi utilisé par un large public pour des sorties nature, de la pêche, du canoë, etc. Enfin, les retombées économiques ne sont pas négligeables : les contrats passés avec les agriculteurs permettent une réduction des coûts pour la collectivité et pour les agriculteurs, cela représente 400 tonnes de matières sèches estimées à 20 000 euros par an. »

« Notre rôle consiste à rappeler régulièrement leurs obligations aux parents, c’est un travail de longue haleine » Maryse Garnier, Vice-Présidente Loches Sud Touraine, Gens du voyage

Jérôme Poupault, éleveur de taurillons et de génisses à Betz-le-Château.

Contact

Service milieux aquatiques de Loches Sud Touraine
Tél : 02 47 91 12 08

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