Automne 2018
 – N° 2
 – Betz-le-Château, France
Mathis Joubert, l’étoile montante du sud touraine
Né à Séoul en Corée du Sud et élevé à Betz-Le-Château, Mathis Joubert, à seulement 20 ans, trace son sillon en mêlant avec talent la danse classique et le hip hop. New-York l’accueille depuis maintenant deux ans, ses projets fourmillent. Retour sur une ascension fulgurante faite de détermination, d’audace et d’intuition.

« A 12 ans, j’ai vu une vidéo de break dance (acrobaties du hip hop au sol) sur YouTube, ça m’a plu et j’ai eu envie d’essayer » se souvient Mathis Joubert qui pratiquait assidument le football mais n’affichait aucune prédisposition pour la danse. « En Sud Touraine, il n’y avait rien pour pratiquer le hip hop, j’ai demandé au directeur du collège de Ligueil si je pouvais ouvrir un cours avec des amis, en 5ème il a refusé, mais en 4ème, il a accepté » raconte le jeune danseur. C’est avec des bouts de ficelle et de la créativité qu’il coachait ses amis pour monter en fin d’année un spectacle. Pari réussi, le spectacle a plu et l’aventure a pris un nouveau chemin pour Mathis. Soutenu par deux associations locales, Familles rurales et le Dancing des voyageurs, il parvient à lever 18 000 euros auprès de la CAF Touraine pour développer son groupe pendant deux ans. « L’objectif était d’organiser des rencontres entre des jeunes ruraux et citadins ».

De Betz Le Château au VM Ballet de Toulouse

La jeune carrière de Mathis commence à se dessiner. Il se forme, il participe à des festivals, des stages, il donne aussi des cours. Au moment d’entrer au lycée, il part à Limoges dans un des deux lycées français qui proposent une option danse. En parallèle des trois heures de cours du lycée, il prend des cours de danse contemporaine à l’Opéra de Limoges. « Je ne voulais que danser, et le directeur de l’opéra m’a mis au pied du mur en me donnant trois mois pour dire si j’acceptais de me former en danse classique, un passage obligé pour poursuivre une carrière de danseur » explique Mathis. Les professeurs du VM Ballet à Toulouse sentent le potentiel du jeune homme et l’intègre dans leurs rangs. « Je ne le savais pas mais c’est une des meilleures écoles de France ». Mathis a alors 15 ans et la vie lui sourit.

« Dans dix ans, je ne pourrai plus danser, je rêve d’ouvrir en France une école de Balletbreak pour permettre à des jeunes de se former ici sans avoir à parcourir le monde comme je l’ai fait » 

En route pour New-York

Au VM Ballet, Mathis apprend avec rigueur et persévérance la danse classique et il invente son style. « Je veux réunir les deux mondes, l’esthétisme de la danse classique avec la force et le côté animal du hip hop » mentionne-t-il. A la fin de la troisième année avec le VM Ballet, il sent qu’il est temps de partir. Il participe à de nombreux concours qu’il remporte avec succès alliant maîtrise technique et créativité artistique. En mars 2016, il remporte le prix Best Talent lors d’un concours à Amsterdam et gagne le sésame : une bourse (équivalent à 25 000 $) pour intégrer pendant deux ans l’école new-yorkaise, Peridance Capezio Center. Quelque temps plus tard, il gagne le concours « Get Up et Fais ton Truc » devant un jury de Carrefour France et Jamel Debbouze : « j’ai gagné, c’était incroyable ! J’ai obtenu 20 000 euros pour financer mon voyage à New York, sans ce concours, je n’aurais jamais pu y aller » raconte le jeune homme audacieux. Sans connaître un mot d’anglais, Mathis Joubert n’avait que son talent et sa motivation pour faire sa place au milieu des grands.

Ailey School et de nouveaux horizons

Très vite, l’ambitieux Mathis vise une nouvelle école, Ailey School inaccessible pour lui sans l’obtention d’une bourse. A croire que les défis donnent des ailes à ce jeune athlète puisqu’il parvient à décrocher son passeport pour l’école souhaité. « Aux Etats-Unis, il faut auditionner pour tout, créer des variations, mais si on a du talent, ils sont prêts à mettre de l’argent » explique Mathis qui ne cesse de remporter des bourses pour se former toujours un peu plus aux côtés des meilleurs. En septembre 2018, il s’envolera pour une nouvelle année à New York. « Je serai deux jours par semaine à l’école, pour pousser encore mes capacités, j’intègre également une Compagnie Junior, le Ballet Hispanico, là le travail sera rémunéré ». Cerise sur le gâteau, ce jeune homme au corps sculpté a signé un contrat pour participer en tant que mannequin à la New-York Fashion Week.

Avec modestie, Mathis Joubert dit qu’il a eu de la chance et a une très grande reconnaissance envers ses soutiens de toujours : ses parents, mais aussi le milieu associatif du Sud Touraine. Il oublie de souligner les heures de travail, l’abnégation et sa jeunesse consacrée à la danse.

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