« Notre rôle est d’éviter aux adolescents de s’enfermer dans l’isolement, et de les accompagner à monter des projets », souligne Ingrid Jamin, responsable du service Enfance-Jeunesse à la Communauté de Communes. « Mais avant cela, il faut aller vers eux, où qu’ils soient sur le territoire. Telle est la mission de nos huit animateurs permanents sur le terrain. » La récente période post confinement a donné un relief tout particulier à cet engagement. Comment concevoir l’animation lorsque les lieux d’accueil sont clos ? « En faisant preuve d’imagination ! Les animateurs se sont déplacés sur les points de rencontres habituels des ados : les places, les city stades… », ajoute Frédéric Proux, directeur itinérant des accueils de loisirs sans hébergement (ALSH). « Durant cette période, nous sommes allés dans chaque village de notre secteur, tous les après-midis, à raison de cinq visites par semaine, précise Sébastien Moncourant, directeur adjoint du service jeunesse de Montrésor. Les parents et leurs ados ont apprécié cette démarche de proximité. »

Plateforme numérique Discord

Au programme : des jeux, des échanges, et une sensibilisation aux mesures sanitaires. La quasi-totalité du territoire de la Communauté de Communes a pu être couverte. La plateforme numérique Discord a aussi joué un rôle notable dans le maintien de ce lien entre les ados, et avec les animateurs. « Il s’agit moins d’un réseau social que d’un lieu pour garder le contact et s’amuser par le biais de salons textuels, vocaux ou vidéo ». Un moyen facile pour bavarder tous les jours et de se retrouver plus souvent. « On ne s’était pas encore emparé de la vague numérique mais avec Discord, on a rattrapé le temps perdu ! » estime Ingrid. À heure fixe, des groupes ont ainsi pu échanger entre eux pour évoquer les futurs projets d’activités, sous la responsabilité d’un animateur. « Cela a vraiment pris à la fin du confinement : en deux mois, plus de 160 jeunes se sont retrouvés sur Discord. Aujourd’hui, nous devons faire preuve de souplesse et d’imagination pour capter de nouveaux publics. »

Avoir des idées

544 adolescents, sur un potentiel de 2 740 jeunes, ont fréquenté cette année les 5 accueils ados de Loches Sud Touraine situés à Loches, Montrésor, Manthelan, Descartes et Preuilly-sur-Claise. Ils s’y retrouvent librement (et gratuitement !) certains soirs après le collège, les samedis après-midi ou les mercredis. « Nous les récupérons au collège avec leur pique-nique et nous passons un après-midi à pratiquer les activités de leur choix, explique David Recorbet, directeur de l’accueil de Montrésor. Une fois par mois, nous élaborons le programme des prochaines vacances. Si leur choix est trop onéreux, ils doivent chercher un moyen de le financer. Cette année, ils ont ramassé des encombrants chez les habitants, à raison de sept euros par remorque. » Le plus difficile ? « Les amener à se projeter, à avoir des idées, à s’ouvrir », commente Frédéric Proux. L’adolescence quoi… Animateur à Manthelan, Mathieu Gaudin envisage lui de monter une « junior asso » pour permettre de financer des projets ; une formule déjà expérimentée à Montrésor et à Loches pour construire des terrains de pumptrack pour la pratique du BMX.

S’investir

Des rencontres entre jeunes des 5 accueils sont régulièrement organisées. Une idée utile pour retrouver ensuite des têtes connues lors du passage au lycée. À l’instar de ses collègues, Mathieu intervient dans le collège de son secteur lors de la pause méridienne. Le foyer accueille les ados pour un temps de jeux de société, d’animation spécifique, ou simplement pour discuter. Il lui a fallu « trainer un moment dans la cour » avec ses flyers de programme d’activités avant d’être identifié. « Je suis le monsieur qui distribue les papiers », s’amuse-t-il. Cette année, Mathieu, comme les autres animateurs, envisage en plus d’accompagner les ados de 4ème pour préparer le stage en entreprise de l’année suivante ; par exemple en les aidant à rédiger leur lettre de motivation et à réfléchir à leur avenir… « Nos animateurs sont des points d’ancrage essentiels dans notre dispositif, conclut Ingrid. Il faut parfois des mois pour convaincre les jeunes à s’investir dans un projet et souvent, si ça vient d’eux, c’est gagné. »