Ete 2018
 – N° 1
 – Montrésor, France
Du bitume au cep de vigne
Il y a bientôt vingt ans, Nelly et Thierry Touratier ont posé leurs valises citadines, dans le cadre romantique de Montrésor dans le Lochois, avec un projet : y planter des vignes. Portrait d’une reconversion réussie.
Changer de vie, beaucoup en rêvent, sans jamais franchir le pas. En 1999, la famille Touratier quitte Paris, le bruit et « leur petit appartement de 55 m2 d’Ecouen », pour s’installer au vert et respirer le grand air. Elle jette son dévolu sur l’un des plus beaux villages de France, Montrésor, où elle déniche la maison de ses rêves. « Avec ce point de vue sur le château impossible de repartir », confie Nelly Touratier. En quittant la capitale le couple tire aussi un trait sur deux carrières : elle, dans le secteur bancaire, lui, en tant qu’ingénieur informatique indépendant. « Nous souhaitions un meilleur cadre de vie pour nos enfants. Notre choix s’est fait pour le Sud Touraine, pour son calme et son climat tempéré, sans excès ».

Chemin de l’école

Mais en 2012, Thierry Touratier subit un licenciement économique et avec son épouse, ils décident alors de changer le cours de leur vie. Il retrouve un emploi salarié dans une entreprise de produits pour les viticulteurs à Saint-Aignan sur-Cher. Nelly, elle, se reconvertie dans le social. Dans la tête de Thierry, émerge alors un projet aussi ambitieux que fou : replanter des vignes sur la commune. Pour le faire aboutir, il reprend le chemin de l’école et se forme au lycée viticole d’Amboise. Deux ans plus tard, il investit dans 1,5ha de terres en jachère répartis tout autour du village, sur lesquels il replante progressivement 7 800 pieds de vigne et crée ainsi le Domaine de la Grenadière, du nom de baptême de leur maison. Sur ces cinq parcelles aux sols argilo calcaire, Thierry Touratier cultive trois cépages aux trois couleurs : Touraine rose, Pinot Noir et Grolleau. Mais Thierry et Nelly ne s’arrêtent pas là.

Une yourte et une roulotte

Depuis un an, et « parce que l’accueil fait partie de leur ADN », ils développent une activité de locations saisonnières, en louant aux abords d’une des parcelles, une yourte et une roulotte. Une intégration plutôt bien réussie, même si, précise Nelly : « les portes ne s’ouvrent pas comme ça. Il a fallu faire nous-même la démarche d’aller vers les autres habitants. » Thierry aborde ce challenge avec humilité : « C’est un projet difficile, qui demande de la patience et de la volonté. Pour exercer le métier de vigneron il faut être jeune. Je ne ferai pas cela toute ma vie, il faudra un jour transmettre ». L’avenir se lit pour l’heure dans le chai. « On attend avec impatience la prochaine récolte, car les précédentes ont avorté à cause du gel ». Et plus tard ? : « nous allons développer des activités oeno-touristiques tout en proposant les vins du domaine », conclut Thierry Touratier.

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Nelly et Thierry Touratier

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