Pour Olivier Cornet, le compagnonnage a marqué sa carrière professionnelle et humaine. « Après mon CAP de charpentier, j’ai fait le Tour de France avec les compagnons de 1985 à 1993, cette formation apprend à rendre les hommes compétents, nous passons un an chez un patron, il faut s’adapter très vite et cela permet aussi de découvrir les différentes techniques en fonction des régions. C’est aussi un enrichissement personnel, une école de la vie et ensuite, on devient soi-même formateur de jeunes », explique avec passion Olivier Cornet.

En 2001, il reprend une entreprise à Descartes qui deviendra Cornet SARL en 2007 avec un déménagement à la clé. « Nous avons déménagé sur la Zone d’Activités du Val au Moine pour avoir plus d’espace et l’entreprise est passée de 4 à 13 salariés », explique le gérant fier de mentionner qu’ils ont construit les bâtiments abritant l’atelier de production de 650 m², et un hangar de stockage de 450 m².

Dans les règles de l’art

Au fil des années, l’entreprise a évolué en ajoutant à la charpenterie et couverture, la réalisation d’ossatures bois, d’escaliers et terrasses en bois. « Nous assurons la fabrication de toutes les charpentes traditionnelles et les ossatures bois. On trace, on taille puis on monte sur les chantiers », explique le chef d’entreprise dont les services sont sollicités dans un rayon de 80 kilomètres autour de Descartes par les particuliers, les communes et les marchés publics. « Par exemple, nous avons participé pendant un an et demi aux travaux de l’ancien Palais de Justice de Loches, nous avons modifié la charpente intérieure et réalisé les terrasses. Nous faisons beaucoup de travaux de rénovation », ajoute Olivier Cornet.

« Un patron sans salarié n’est rien »

Même si Olivier Cornet reconnaît qu’il est parfois difficile de fidéliser l’ensemble des salariés, il constate avec satisfaction l’investissement de longue date de plusieurs salariés. « C’est mon cheval de bataille, je veux avoir une politique familiale dans l’entreprise, elle doit rester à taille humaine. Je vois les salariés le matin et le soir, je souhaite qu’ils se sentent bien, nous échangeons beaucoup sur ce qui va bien ou moins bien. Dans une entreprise, un patron sans salarié n’est rien, et inversement, c’est un travail d’équipe et nous avons besoin les uns des autres », explique avec enthousiasme le chef d’entreprise qui accorde beaucoup d’importance à la formation des jeunes, qui effectuent notamment un Tour de France chez des Compagnons. « Je suis un patron heureux, j’ai mon fils et mon beau-frère dans l’entreprise, la transmission est assurée. C’est une fierté, mon travail sera utile ensuite pour d’autres », conclut Olivier Cornet.

Léa Vaudon : « je voulais travailler et toucher la matière »

Dans sa politique de transmission, Olivier Cornet n’hésite pas à donner sa chance à des jeunes, même s’ils n’ont pas de formation, « le plus important c’est que la personne ait envie », souligne-t-il. Léa Vaudon ne peut pas le démentir puisqu’elle a frappé à la porte de cette entreprise alors qu’elle se destinait à des études d’architecture après une scolarité brillante. « J’ai suivi des études d’architecture pendant un an, mais je m’ennuyais et trouvais ça trop théorique. Par hasard, j’ai poussé la porte de l’entreprise pour faire un stage car je voulais travailler et toucher la matière. J’ai eu un coup de cœur, le bois me passionne », raconte la jeune apprentie qui partage sa vie entre des cours théoriques à Limoges au sein de la Fédération Compagnonnique et Descartes trois semaines par mois pour obtenir un CAP. Elle reconnait que les conditions sont parfois difficiles et certaines charges lourdes, « mais il y a beaucoup d’entraide. »

À la campagne !

Lorsqu’elle est à Descartes, Léa Vaudon réside avec huit jeunes, également en apprentissage, au sein d’une maison rénovée par des Compagnons appelée « la campagne. » Elle suit avec eux les cours du soir, obligatoires durant le Tour de France, « j’apprends par exemple à faire des plans en 2D et 3D ». En apprentissage depuis le mois de septembre, Léa se concentre sur l’obtention de son CAP et n’exclut pas de poursuivre ensuite sa formation.